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J - 10 : Dernière ligne droite avant le retour

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Ou 10 jours de galère mécanique

 

Lorsque nous avons eu le combi il y a presque trois mois, nous avons rapidement su qu'il nous fallait revoir le programme à la baisse. En clair : on ne pourra pas descendre jusqu'en Patagonie.  Nous avons donc décidé d'en profiter davantage dans ces deux pays adorés que sont le Pérou et la Bolivie.

 

Une fois sortis d'Uyuni, nous décidons de prendre la direction du Sud'Lipez afin de le traverser pour rejoindre le nord du Chili (pour rappel, un véhicule acheté au Chili doit être revendu au Chili ce qui nous impose de faire une boucle dans notre voyage). Avant de mettre les voiles, nous avons la chance de tomber sur une station essence où le pompiste accepte de nous remplir les bidons (ce qui leur est formellement interdit) et ce au prix local et non au prix pratiqué pour les plaques étrangères (et oui, encore une fois, pour rappel, nous payons 1E11 le litre quand les locaux le paie 45 cents). 

 

La carte nous indique une piste jusque Tupiza mais nous nous rendons compte que l'état de la piste est IMPRATICABLE en combi. Nous roulons dans du sable et merci à ma moitié d'avoir ses connaissances de conduite en 4x4 car si j'avais été au volant... pas sûre que ce serait passé. Il y a quand même eu un moment déclencheur suite auquel nous avons raisonnablement fait demi-tour : une bosse rendue assez peu visible par les formes de la piste envoie le nez du combi vers le ciel, nous laissant retomber à terre d'un gros "boom". En une seconde, nous ne voyons plus rien à l'intérieur du combi. Tous les trous situés à l'avant de Carlito ont laissé passer le sable et la poussière et comme nous avons attéri en plein dedans, à l'intérieur du combi, ça a eu l'effet d'une pochette surprise. 

 

Pan ! Mange ta poussière ! 

 

A partir de ce moment là, nous avons abandonné la piste et nous nous sommes résignés à prendre le bitume, tanpis pour les 2 jours de route supplémentaires. Nous avons donc mis le cap vers Potosi pour redescendre ensuite vers Tupiza. Semblant de rien, les jours commencent à être comptés même si nous nous sommes laissés une marge de sécurité. Carlito est officiellement vendu à des français qui entament leur périple en Amérique Latine, nous devons les rejoindre avant de prendre notre avion (Shit...). 

 

Mais c'était sans compter sur la mauvaise humeur de Carlito et tous les problèmes mécaniques qu'il allait nous faire subir. De deux choses l'une : soit Monsieur n'était vraiment pas content que l'on se sépare de lui, soit Monsieur en avait vraiment hâte. Une chose est sûre : il tape dans ces quelques jours de sécurité que nous avions mis de côté... au cas où...

 

J'vous la fais courte (si si, promis) :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Premier épisode : Nous quittons un tout petit village et nous sommes désormais sur une route où il n'y a aucune âme vivante. La prochaine ville est à 80 km. Et que fait Carlito ? J'vous le donne dans le mille : il s'arrête net et et sans aucune explication. A l'intérieur comme à l'extérieur, ça pue le chaud et nous sortons même les extincteursAprès consultation de notre petit duo de choc, je me décide à retourner en stop au précédent village pour chercher un mécano. Nous ne voulons pas prendre le risque de laisser le véhicule sans surveillance car jusqu'à présent nous sommes les seuls de tous les voyageurs rencontrés à ne rien s'être fait voler. Pourvu que ça dur. Surtout que le véhicule est vendu, ce n'est pas le moment de se faire casser quelque chose.

 

Un pouce plus tard, me voilà déposée au premier mécano du coin. Je le sens mal, il a une tête de mafioso avec ses cheveux gominés et le genre légèrement macho (tout ce que j'aime dis donc...). Il me prend de haut et me donne un prix exhorbitant. Oubliée la négociation, nous sommes coincés et ils le savent. Au bout de 3 h d'attente (!!!) j'arrive enfin au véhicule et je vois ma moitié équipée de son sac à dos prête à partir à ma recherche (Mô c'est mignon...). Après avoir rassuré tout le monde, le mécano nous dit que le combi ne peut pas être réparé sur place. Nous emmenons donc Carlito au garage. Marche arrière. Retour à la case départ. 

 

Le lendemain sera le début d'un long et pénible sketch ! Deux mécano sur Carlito et ma moitié qui leur donne en réalité des cours de mécanique. Croyez moi, quand des mécano n'y connaissent rien en combi, ça se voit tout de suite ! Même moi j'étais plus productive. Bref.... on est mal barré ! Ils démontent tant bien que mal une partie du moteur et nous sortent des explications à la noix, nous ne sommes pas d'accord et tentons de leur expliquer quelques trucs mais rien à faire. Je vous la fais courte mais après avoir été obligés d'aller jusqu'à Tupiza en collectivo pour chercher la pièce manquante et retirer de l'argent pour payer ces voleurs, nos deux rigolos se débrouillent juste pour que nous puissions rouler jusqu'à Tupiza afin de se débarasser de nous.

 

Fort heureusement, à Tupiza nous rencontrons un électricien qui de une, nous confirme que ces deux rigolos ont fait n'importe quoi (pauvre Carlito) et de deux nous remet le combi en bon état, cette fois pour un prix bien plus que correct.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Deuxième épisode : après avoir perdu trois jours dans notre "semaine de sécurité", nous remettons en route cap vers la frontière Argentine. Cette année, il nous sera donc impossible de faire le Sud'Lipez avec le combi, nous ne lui en ferons pas subir plus. Nous devons couper par le nord de l'Argentine pour rentrer au plus tôt au Chili. Et aujourd'hui, c'est fête : c'est mon anniversaire !  La poisse ou pas, je n'sais pas mais ce jour là, nous nous sommes fait REMORQUER

 

Oui, je sais j'ai de bonnes idées pour m'occuper le jour de mon anniv'...

 

Nous sommes donc contraints de rester quelques jours à la frontière argentine car il nous faut changer l'alternateur au complet. Nous tapons ENCORE dans notre "semaine de sécurité" (encore heureux qu'on l'a prévue celle-là...). Dans notre poisse, nous avons tout de même une chance énorme : un samedi, nous trouvons un électricien qui accepte de tout lâcher pour se consacrer au combi de 9h à 22h. Du travail impeccable, un mec génial, très pro et super gentil. C'est toujours aussi agréable de tomber sur ces personnes. Le combi repart neuf, là c'est sûr il pète la forme.

 

Nous nous rendons le lendemain matin à la frontière et dans le genre "j'enchaîne les situations poisseuses" : pas de bureau d'assurance pour assurer le combi à la frontière ! (car d'habitude c'est comme ça que ça se passe). Les douaniers ne nous laissent forcément pas passer. Le problème est qu'officiellement, Ludo et moi sommes entrés en Argentine mais Carlito, s'il n'est plus en Bolivie n'est pas encore en Argentine. Après moultes péripéties dans la journée, des allers-retours clandestins dans chacun des deux pays & ma tension qui n'a fait que monter puis descendre, nous passons enfin la frontière en fin d'après-midi avec cette fichue assurance.

 

Bref, une fois la frontière de l'argentine passée, nous roulons pendant deux jours en Argentine pour rejoindre le Chili. Les paysages sont encore à couper le souffle mais aujourd'hui l'heure n'est plus à la pause photo, nous devons rouler et arriver à temps pour la vente du Combi et l'avion. 

 

Troisième épisode : Alors que Carlos roule comme un dieu depuis deux jours, un matin Monsieur se fait colérique ou fénéant et décide encore une fois de se faire remorquer. Il y a pris goût ma parole !! Nous sommes déposés sur une station essence le long de la panaméricaine et cette fois ci, la prochaine ville est à 200 bornes !!! Des chauffeurs de camion s'approchent pour essayer de réparer le combi mais rien n'y fait. Il pétarade et on ne peut pas rouler comme ça. Tout le monde reprend la route et on nous conseille de trouver un camion vide pour y poser Carlito. Deux heures plus tard, et après avoir essuyé des refus, nous décidons de redémarrer, quitte à rouler à 30 km/h. Et par magie, sans que l'on comprenne pourquoi, Carlito reprend du service et ne demande qu'à rouler.

 

NO ENTIENDO EL CARLITO !!!!

 

Quatrième & dernier épisode : nous arrivons enfin à notre point de rdv fixé avec les acquéreurs trois jours avant de vendre le combi. Mais un beau matin, Monsieur décide de ne pas démarrer et pétarade comme s'il allait cracher du feu. 

 

Mais bon sang qu'est-ce qu'on lui a fait ?!?!

 

La pression ??? Non, on a pas DU TOUT la pression !! 

 

Nous sommes encore un samedi et prions pour que les voisins puissent nous aider. En fin d'après-midi et après avoir encore tout démonté puis resoudé quelques pièces, Carlito démarre du feu de dieu. Cette fois-ci, nous effectuons tous les test nécessaires pour nous assurer que tout est ok. Carlito sera vendu dans deux jours. Et il sera vendu en bon état. C'est quand même juste hallucinant que tous ces problèmes soient arrivés dans nos 10 derniers jours de voyage, nous mettant il faut bien le reconnaître un léger coup de pression (!!). Léger... le coup de pression ! 

 

 

 

Pour ceux qui se posent la question, Carlito a bien été vendu, nous l'avons bichonné jusqu'au dernier moment. Ses nouveaux propriétaires sont deux jeunes français qui débutent un long périple à travers l'Amérique Latine. Paul et Clarisse se sont tout de suite pris de sympathie pour notre petit Carlito alors que nous avions la gorge serrée de le laisser partir. Ce qui signifiait pour nous deux choses, la fin de notre aventure avec lui mais surtout, la fin d'une année de voyage, une année intense, une année de rêve. 

 

Comme si Mère Nature s'était impregnée de mon état d'esprit ce jour là, des inondations ont touché la ville, le ciel était gris et la pluie n'a cessé de tomber.

La météo était en accord avec moi-même, pour le coup. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CARLITO

 

Tu as été notre petit bus orange, notre combi, notre maison roulante, notre petit cocon. Tu as su nous protéger des fortes pluies & des bourasques de vent, de tout en réalité, sauf du gel. Avec toi nous avons ri, nous avons chanté, nous avons été emerveillés, mais nous sommes aussi tombés malades, nous avons râlé, parfois entre nous, parfois quand tu décidais de ne plus rouler. Avec toi nous sommes allés - presque - partout, enfin disons plutôt que nous avons peut être repoussé tes limites de vieux combi, mais tu nous as montré que tu es une fidèle monture et comme on dit ici, "qui va loin ménage sa monture". Alors on te parlait, comme on parle à un troisième compagnon de route. Parce qu'après tout, un combi c'est bien plus qu'un amas de tôles. C'est un membre du voyage. Avec ta bouille orange et ton petit nez de cochon, il était impossible qu'on ne s'attache pas à toi. Il était impossible de ne pas avoir le coeur serré lorsque nous nous sommes séparés de toi. Il m'est aujourd'hui impossible de ne pas penser à toi. Mon ptit Carlito.

 

Hasta Luego Carlos, & bon vent sur les routes sud'americaines...

 

 

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