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6 mois de tour du monde, acte II

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J'aime pas les tripes, mais aujourd'hui, le 15 mai 2015, cela fait six mois que nous sommes partis. Alors je vais essayer de vous faire un petit bilan, à mi-parcours, avec les miennes, de tripes.

 

La troisième bougie de notre voyage, c'est celle là. La première, c'était pour nos 7 ans de couple (oui, je sais, « c'est mignon... »). La seconde, pour l'anniversaire de Ludo. La troisième donc, pour nos six mois de tour du monde.

 

Le 10 novembre 2014, nous partions de Charles de Gaulle pour la Nouvelle Zélande. Et, si vous ne le saviez pas encore, le tour du monde n'était pas vraiment le voyage initialement prévu. Eh oui, à la base (vous savez, ce qu'on vous avait annonçé pour ne pas vous inquiéter) nous ne devions faire « que » le pays du Kiwi et l'Australie.

 

Puis, petit à petit se sont rajoutés Thaïlande puis Myanmar. Le reste a suivi tout naturellement. Aujourd'hui, je vous écris depuis le Japon.

 

Bien sûr, le 10 novembre 2014 me paraît déjà bien loin, mais en même temps les journées ont défilé à une vitesse folle.

 

Alors, à mi-parcours, qu'est-ce que j'en pense de tout ça ?

 

En fait, ce voyage est la réalisation d'un rêve. De ceux que vous gardez en vous pendant de longues années sans jamais vraiment savoir si vous le réaliserez un jour. Oh oui je sais, c'est le principe même du rêve. Et pour le concrétiser, il faut du courage, de la volonté et un peu – beaucoup – de folies.

 

Il faut que vous sachiez que je suis du genre à me créer une petite boite pour y mettre tous les mois mes petites économies et y coller un post-it « Tour du monde ».

 

Et ça, aujourd'hui, je SAIS que ça aide à concrétiser son rêve. LA PREUVE.

 

Alors ce rêve, je suis entrée pleinement dedans. D'une part, prendre la décision de partir avec la personne que j'aime a été une évidence. Je ne voyais pas les choses autrement. D'autre part, je n'apprécierais pas autant ce voyage sans la notion de partage. Et, enfin, évidemment, c'est encore mieux de le partager avec celui que j'aime et qui aime les mêmes choses que moi (ça fait beaucoup de j'aime hein...).

 

Mon pays me manque parfois. Je suis surtout nostalgique des gens qui y sont restés. J'ai souvent l'envie de partager tout ce que je vois et tout ce que je vis avec les gens que j'aime. Le blog est certes une manière d'y parvenir. Mais il manque l'humain & le partage, on y revient toujours.

 

Pour autant, rentrer demain en France me paraît surréaliste.

 

Tous les jours, je suis en mouvement. Et ce mouvement, je l'aime, je l'adore. Aujourd'hui, c'est ma manière de vivre. Depuis six mois, je croque la vie à pleine dent. Je dévore les pays que nous vivons.

 

Oui, aujourd'hui, je parle de « vivre » un pays. Je ne parle plus de le traverser. Car désormais, j'apprends à connaître les endroits où l'on se rend, je veux tous les jours en savoir plus, en apprendre plus et en voir plus. Je ne souhaite plus être simplement « de passage ».

 

Aujourd'hui, le monde tourne et je tourne avec lui. Voyager de pays en pays permet de se rendre compte à quel point le monde est vivant, à quel point ça bouge, ça bouillonne de vie, tout le temps et partout.

 

Depuis que je suis en Asie, je bouge, je cours, j'avale les kilomètres, je dévore les pays sans m'épuiser. Enchaîner train, bus et hôtel sans jamais réserver. Tous les jours, porter son sac à dos sans se plaindre. Voyager avec les locaux, dans la foule, avec les animaux et les marchandises. Connaître les longs trajets dans les bus de nuit. Dormir sur des lits en béton armé. Ne jamais savoir de quoi sera fait le lendemain, ni même les prochaines heures. C'est ce sentiment de liberté, que j'ai toujours recherché et que j'ai trouvé, ici.

 

Trop de confort, tue le confort

 

La notion de confort, aujourd'hui, c'est pour moi quelque chose qui ne prend son sens uniquement qu'à petites doses. Le confort plombe. Le confort tue.

 

« On perd en légèreté. Même si on gagne en molleton sous les fesses » ai-je pu lire. Je ne peux pas m'empêcher de la reprendre, celle-là.

 

Je ne suis pas en train de dire que je suis devenue une baroudeuse de l'extrême. Non. Juste que pour apprécier le confort, il faut savoir s'en passer pour mieux le retrouver.

 

En France, je suis déjà de nature à courir partout et aujourd'hui, me voilà en train de courir à travers le monde. Passer de guesthouse en guesthouse, porter nos sacs à dos toujours trop lourds, manger des choses bizarres, enchaîner les bols de riz tous les jours, perdre des kilos, se remettre en question tout le temps, écouter, apprendre et ne jamais juger l'autre. Relativiser, apprendre à distinguer les choses importantes des futilités du quotidien.

 

Vivre avec légèreté, je vous disais.

 

Voilà mon moteur, ce à quoi je carbure. Ce qui me fait vibrer, ce qui me fait vivre.

 

La question qui revient tout le temps : et parmi les pays que tu as « fait », lequel as tu préféré ?

 

La place numéro 1 pour l'instant est occupée par : l'Australie.

 

Pas de panique, je ne vais pas vous refaire les 30 épisodes du châpitre, je sais que j'ai tendance à être trop bavarde. Je vais me contenter de vous dire que c'est un pays magnifique, que les gens y sont accueillants. Mais surtout, vous parlez de ses couleurs... Bon sang les couleurs de l'Australie sont encore collées sur ma rétine. Les pistes rouges, le soleil couchant dégageant ses couleurs si chaudes, son orangé et son rouge flamboyant. Ces ciels si noirs annonçant l'orage. Ces tempêtes dans le désert. Ces éléments qui se déchaînent. Cette nature si austère. Et pourtant, si splendide. Le genre d'endroit qui me captive, des instants à jamais gravés dans ma mémoire. Et un esprit qui en redemande, encore et encore.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parlons Asie, maintenant

 

L'Asie est pour moi une totale découverte. Jamais je n'avais réellement été attirée par ce continent. Pour moi, c'était plutôt l'Afrique, continent sur lequel j'ai mis les pieds pour la première fois en 2009 en partant seule pour deux mois. J'ai toujours eu envie de grands espaces, de savane et d'animaux sauvages. Les chants africains m'ont toujours fait vibrer. Aujourd'hui, me voilà à passer quatre mois complets en Asie et c'est une révélation.

 

Maintenant que l'Asie touche à sa fin, je peux même vous assurer que je sais déjà qu'elle va me manquer. Sa spontanéité, son kitch, ses temples, ses Bouddha, sa cuisine, ses odeurs, son joyeux bordel, ses marchés, ses horribles musiques, ses karaoké, cette chaleur et cette humidité. Il y a quelque chose que je ne sais décrire, qui flotte dans l'air dans ce coin du monde et j'ai été séduite.C'est une histoire de feeling. Ca bouillonne de partout, ça grouille de vie. C'est constamment en mouvement. C'est dynamique. Et pourtant, si pauvre.

 

Le Myanmar, le favori

 

Ca aura été un voyage parfait. Le pays et les gens sont faciles, le pays est beau, le tout est encore authentique. Les frontières ne se sont ouvertes que récemment. Le tourisme de masse n'a pas encore fait son apparition. Les gens ne sont donc pas encore pervertis par l'appat du gain. Et puis, nous avons eu des moments inoubliables. Comme ce trek pendant lequel nous avons traversé des champs de piments. Yangon a été mon premier contact avec l'Asie et sûrement pour cette raison, je l'ai adorée. Nous avons aussi fait des rencontres inoubliables, comme Dohio, cette femme qui nous a accueillis dans sa maison autour du feu alors que nous avions si froid dans les campagnes. Ou ce couple de peintres à U Bein qui nous ont expliqué la dure réalité de la vie dans un pays gouverné par une junte militaire et les disparitions des gens qui parlent un peu trop.

 

La pudeur également, comme partout en Asie. Ici, les femmes se lavent dans la rivière habillées ou du moins, en paréo. Et se plier aux us et coutumes, respecter cette pudeur me semble être la moindre des choses pour respecter un pays. On a l'impression de le vivre un peu plus profondément. Il y a eu aussi ce village extrêmement pauvre où les enfants vivaient parfois nus, n'allaient pas à l'école et jouaient avec des pneus.

 

Et toutes ces questions qui en découlent : est-ce juste ? A quoi je sers dans tout ça ? Pourquoi ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nord du Vietnam

 

Les montagnes escarpées, les rizières vertes, comme celles des peintures ou des cartes postales. Des chapeaux pointus ça et là. Le voir de mes yeux, ça m'a fait quelque chose. Un pincement au cœur. Des papillons dans le ventre. Le mythe de l'Asie. Le grenier à riz de la planète.

 

J'ai même vu la Chine ! Je n'y suis pas allée et pourtant je n'avais parfois qu'à traverser une rivière. Mais au moins, je l'ai vue. Je l'ai frôlée. Je l'ai sentie. C'est pas grand chose, mais ça fait tellement bizarre. Et ça m'a surtout donné l'envie d'aller visiter ce pays, dont les habitants me sortent pourtant par les yeux.

 

La pudeur encore des habitants du nord. Pudeur rapidement effacée après quelques sourires de notre part. A quoi ils répondent également par des sourires, des signes de tête, des signes de main. Le tourisme par là-bas, on ne connait pas trop. Alors il faut y aller doucement et respecter, ne pas brusquer. Dans cette région du pays où pour la seule fois depuis que je suis en Asie, je croise tous les jours des femmes issues des minorités éthniques habillées en tenues traditionnelles non pas pour le plaisir des yeux des touristes, mais par respect pour leurs traditions, je n'ai pas eu envie de sortir mon appareil photo. Je n'ai pas eu envie d'avoir cette place du touriste qui débarque sur sa moto, prend des photos et puis s'en va. Le contact est assez difficile, là-haut dans le nord. Les échanges ne sont pas courants. Or, que vaut une photo si elle ne retrace pas une histoire aux yeux de son photographe ? Alors, j'ai savouré, j'ai regardé, j'ai dévoré les yeux grands ouverts. J'ai vécu. Et j'ai adoré. C'était l'heure des « photos mentales ».

 

J'ai bien croisé un photographe professionnel qui donnait des biscuits à des enfants en échange de quelques photos. Et je n'ai pas regretté de ne pas en avoir pris.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On a quand même eu chaud

 

En Australie, quand on a cru que la piste allait être noyée et que le van finirait par s'embourber.

En Australie encore, quand nous sommes tombés en panne d'essence au milieu du désert.

En Australie, enfin, lorsque la foudre est tombée à côté du van, en pleine nuit.

Au Vietnam, quand on a failli avoir un accident avec un bus qui a déboulé à toute vitesse selon la Loi du plus gros et que nous étions en moto, laquelle a fini par déraper.

 

Des frayeurs qui aujourd'hui nous font tout de même de beaux souvenirs. Et qui resteront, eux aussi, à jamais gravés dans nos mémoires. Même si la dernière n'est pas forcément très intéressante, juste à dire que Ludo a bien géré.

 

Suis-je une droguée du voyage

 

Depuis la Sicile... euh non... depuis la Grêce ? Non plus, depuis sûrement la Grande Bretagne et l'Italie. Oui ça remonte sûrement aux voyages scolaires. Le virus. Dès mes 18 ans je suis partie en Grêce, premier voyage seule, sans les parents et organisé selon mes envies. Et depuis, je n'ai pas su m'arrêter. J'aime les voyages, les aventures, sortir du cadre. Découvrir, apprendre, ouvrir des portes, rencontrer des gens. Tout ça me fait vivre, j'apprends sur les autres et j'apprends sur moi-même. Après ce tour du monde, il y aura encore beaucoup de chose à voir. Et continuer à voyager sera à coup sûr une nécessité.

 

Alors, est-ce que je veux rentrer ?

 

Eh bien non. Me dire que demain je rentre en France, je vous l'ai dit, cela me paraît surréaliste. Plus je voyage et plus j'ai envie de voyager. Il n'y a pas encore eu un jour où j'ai eu envie de retrouver ma maison, mon chez moi. Le matériel ne me manque absolument pas. Vivre de jour en jour sans maison ne m'inquiète pas. Et me contenter du minimum, mais du nécessaire, dans mon sac à dos me convient parfaitement.

 

Surtout, je veux continuer à vivre chaque jour de mon voyage pour ne pas en perdre une miette. Je veux pouvoir me souvenir de tout lorsque cela sera terminé. Je ne veux pas que ce voyage ne soit qu'une parenthèse dans ma vie, qu'un passage, comme ça, entre études et boulot. Non, je veux que cela prenne un sens plus important dans ma petite vie. Je veux que cela laisse une empreinte. Pour ça, s'il faut faire des efforts, je les ferais et je sais que je serais bien accompagnée.

 

 

Amélie

 

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