top of page

Les spendeurs d'Angkor ?? Oh oui, j'en veux encore...

***

 

Depuis notre retour de Kampot, nous avons rendu notre bolide en location et avons repris la route direction Siem Reap, à l'autre bout du pays.

 

C'est vaillants et sûrs de nous que nous avons décidé d'y aller au pouce ! Alors, forcément, à la sortie de Phnom Pen, faire du stop n'est pas chose facile. Et pour cause, entre les chauffeurs de taxi, les tuktuk, les bus et les locaux qui vous demandent s'il faut stoper un bus pour vous.... vous pouvez faire comme nous et attendre une bonne heure avant que, MIRACLE, un Jeep Wrangler s'arrête et vous demande où vous allez ! (Oui oui, celui là même qui fait partie de la petite poignée de riches installés à Phnom Pen).

 

Ni une ni deux, nous voilà embarqués dans un 4x4 dernier cri – quoi que, un peu trop de plastique finalement, ah ah – avec deux jeunes de 28 ans engagés dans l'armée. On prendra soin de ne pas souiller les chemises propres et repassées avec nos gros sac à dos poussiereux...

 

Comme au Laos, nous sommes invités à manger par nos deux chauffeurs. Décidément... Et comme au Laos, nous offrons les boissons fraiches pour le reste de la route. La moindre des choses me direz-vous.

 

C'est ainsi que nous passerons la nuit à Battabang, au nord ouest du Tonle Sap (le lac du Cambodge). Il y a bien quelques villages flottants, mais nous avons peur d'être déçus après ceux du Myanmar et Le Routard nous prévient qu'ils sont très touristiques. Nous préférons rester sur l'authenticité de notre marché aux poissons de Kampot. C'est bien mieux comme ça.

 

Où dormir à Battabang : au Royal Hotel. Rien à redire. Conseillé par Le Routard et confirmé par notre petit duo de choc. Le personnel est super et jeune, les chambres sont impeccables et la terrasse sur le toit pour le petit dej nous a comblé !

 

Le lendemain, nous tentons à nouveau notre chance à coup de pouce et de sourires, ce qui nous réussira également ! (Faut quand même préciser qu'on fait rire beaucoup de monde avec nos petites mises en scènes rigolotes au bord de la route).

 

En deux voitures, nous arriverons à Siem Reap. Il faut quand même préciser que la deuxième voiture était un pick-up d'un agent de l'immigration. Nous sommes montés dans la benne sans réfléchir, sauf peut-être en se disant que c'était une façon comme une autre de récupérer un peu du backchich donné à la frontière pour notre visa, hé hé !

 

Quant à Siem Reap, cette ville est un véritable « Disney land » et n'a décidément RIEN A VOIR avec Phnom Pen qui est pourtant la capitale du pays. Une fois arrivés à Siem Reap, nous avons compris qu'en réalité la majeure partie des touristes ne visitent pas le Cambodge. Ils visitent Siem Reap et les temples d'Angkor. Différence.

 

Après le défilé des bus luxueux alignés devant des hôtels de même standing, Siem Reap peut se décrire par des restaurants à profusion, des lumières qui scintillent, de la musique à fond, des marchés de jour, des marchés de nuit, des massages, des tuktuk... bref la totale.

 

La magie d'Angkor, on en veut encore...

 

Pour les détails pratiques, nous avons acheté nos pass pour les temples la veille à 17 heures. En effet, à compter de 16h30, les guichets sont fermés pour le jour même et ouvrent pour le lendemain avec l'avantage que le billet est en réalité valable pour le soir même. Cela permet donc d'aller admirer le coucher de soleil.

 

Pour un pass 1 journée, comptez 20$ par personne. Il existe également un pass trois jours ou une semaine. Mais vous trouverez tous ces détails dans n'importe quel bon guide.

 

Pour visiter Angkor, plusieurs possibilités s'offrent à vous. Le tuktuk ou le vélo. Nous avons choisi la deuxième option notamment au regard des prix des tuktuk – franchement, être chauffeurs de tuktuk à Angkor, c'est le jackpot ! - et le réveil à 4h30 pour aller savourer Angkor Wat au lever du soleil.

 

C'est selon nous le meilleur moment pour le visiter : quand la majeure partie des touristes reste dehors à prendre le temple en photo. Résultat, nous avons eu le temple quasiment rien que pour nous !

 

Ensuite, un petit circuit perso, du fait maison bien de chez nous, que nous avons super bien géré – en toute humilité oui... - puisque nous avons majoritairement évité les foules et préféré les temples moins fréquentés....

 

Résultat, là où certains n'ont pas pu apprécier le site à cause des touristes en masse, nous, nous l'avons savouré à sa juste valeur.... bah oui...

 

Pour le reste, on vous laisse savourer les photos.

 

Mais avant, je dois vous parler d'Ama.

 

Ama tient un petit stand sur le site d'Angkor. De ceux où vous pouvez manger et boire pour trois fois le prix de ce que vous trouverez à Siem Reap.

 

Dès que nous sommes descendus de notre vélo pour aller visiter celui qui devait être probablement notre 8 ème temple de la journée, nous avons entendu une petite voix derrière nous.

 

« Come come Mister » - bah oui, souvent, elles s'adressent plus à Ludo qu'à moi, étrange -

« You want to drink ? » qu'elle nous demande.

 

En réalité, Ama fait comme toutes les femmes qui tiennent les stand sur le site d'Angkor. Elle tente sa chance en s'égosillant.

Et nous, comme tout le monde, on répond « non merci... ».

 

Mais pas cette fois.

 

Cette fois-ci, on a cédé. Parce que passer la journée à vélo sous 35 à 40 degrés, ça donne soif et qu'il arrive un moment où la bouteille d'eau n'a plus rien de frais.

 

Ce qui est sûr, c'est que lorsqu'on voit les prix sur la carte, cela a de quoi couper toute envie de boire un coup. Mais Ama, avec son sourire et sa bonne petite tête a su nous convaincre et pour bien moins cher que ce qui est en réalité affiché.

 

Ama, 36 ans, tient un stand sur le site d'Angkor. Des shake ? Non, elle n'en a pas. Pas d'électricité.

Ok, bon on va prendre un Redbull version Cambodge alors.

Et puis de l'Ananas. Mmmmh de l'Ananas bien frais...

 

Comme nous sommes ses seuls clients, elle nous bichonne, Ama.

Et puis, on rigole bien avec elle. Ludo, comme a son habitude, fait son rigolo et moi, en tant qu'intello de service, je pose des tonnes de questions.

 

Elle aime bien Ama, ces petits touristes sympathiques.

 

Alors, on commence à discuter. Ama parle plutôt bien l'anglais. C'est l'occasion d'apprendre que la journée a été dure.

 

« Aucun client. Ils vont tous à côté – quand ils viennent »

 

Et puis on apprend au fil de la discussion que Ama doit payer 30$ par mois pour pouvoir poser sa glacière et ses quelques tables.

 

Vous vous posez la même question que nous : et l'argent encaissé grâce aux entrées des touristes ?

 

Elle ne le voit pas. Elle ne sait même pas à quoi cela sert. Selon elle, rien n'est reversé aux populations locales. Cela pourrait servir à entretenir les routes, amener l'electricité et l'eau dans les villages. Mais rien.

 

Et en plus, ils demandent 30$ par mois. C'est énorme. Et sincèrement, ça m'a fait regretter d'avoir payé si cher mon entrée pour ce site.

 

Ama a une fille de 11 ans. Et comme tous les parents du monde ayant un enfant de cet âge ingrat, elle nous explique :

 

« School, eat, sleep....every day »

 

Eh oui, Ama, tu sais, ça, c'est partout pareil, un ado, ça va à l'école, ça mange et ça dort. Bref, c'est pas vraiment ce qu'il y a de plus productif, un ado.

 

Ama n'a qu'une fille. Aînée d'une fratrie de neufs, elle sait ce que c'est de devoir s'occuper des frères et sœurs quand on a pas assez d'argent. Aujourd'hui, tous n'ont pas de travail. Il faut quand même trouver de quoi faire vivre tout le monde et s'occuper des parents qui vieillissent.

 

Alors, quand Ama nous a demandé dans combien de temps nous rentrons en France, pour être honnêtes, nous n'avons pas su lui répondre.

 

Non, sur le coup, c'était pas possible. Pas possible de lui dire qu'on voyage pendant un an, que nous n'avons pas de date de retour, que nous ne travaillons pas pendant tout ce temps. Pas possible de lui dire ça à elle, qui vient de nous dresser le portrait de son quotidien.

 

Avons nous eu raison, avons nous eu tort ? Je n'ai pas la prétention d'avoir le bonne réponse à ma propre question. Cela a juste été notre ressenti à ce moment. Parce que de toute évidence, nous ne vivons pas dans le même monde ni dans la même réalité. Et ce constat, nous pouvons le faire tous les jours si nous le voulons.

 

Quand Ama voux explique qu'elle n'a pas de vacances parce que tous les jours elle doit aller chercher de quoi manger, il est difficile d'assumer sa place de privilégié.

 

En tous cas pour moi, pour nous, c'est ce qu'il s'est passé.

 

Encore aujourd'hui, je ne sais pas si nous avons bien réagi ou pas.

 

Une chose est sûre, les voyages, ça fait bel & bien réfléchir...

© 2014 by LILIE & LUDO. Proudly made by Wix.com

bottom of page