Dans la série des brèves de voyage, ou comment nous sommes restés coincés au Chili...

 

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Le jour où mon expression favorite "C'est pas l'bout du monde" s'est transformée en "C'est pas l'Pérou"...

 

Lorsque nous nous sommes approchés d'Arica, tout au nord du Chili, deux solutions s'offraient à nous : soit passer directement la frontière avec le Pérou ou faire une petite escale à Putre, village situé à 3500 mètres d'altitude pour aller sentir la frontière bolivienne de plus près. En réalité, Putre se situe surtout au pied du volcan Parinacota qui culmine ni plus ni moins qu'à 6300 mètres d'altitude, et celui là, on ne vous cache pas qu'il nous chatouille un peu.... Mais, on sait aussi qu'avaler autant de dénivelés en si peu de temps peut être violent pour nos petits corps et comme il est possible d'effectuer cette ascension du côté bolivien... nous décidons de nous laisser le temps de l'acclimatation et de partir directement au Pérou. 

 

FAUX DEPART

 

Arrivés à la frontière chilienne, un douanier fort bien sympathique dont j'arrive à comprendre ce qu'il me dit - moi et mes trois semaines d'espagnol qui me font honte - et pour le coup, aucun souci... Ah des français ! et blablabla... Tout se passe à la perfection.

 

Là où les choses se sont compliquées, ça a été au moment de  gerer le passage de Carlito à la douane. Ils nous font remplir des formulaires... un par-ci, un par-là... mais c'est qui le propriétaire... c'est monsieur... alors pourquoi c'est vous qui parlez... bah essayer de lui parler et vous comprendrez.... froncement de sourcils.... roulement de tambour.... ok bon il me faut les papiers du véhicule... lesquels... et là je ne comprends plus ce qu'il veut alors je lui dépose - toujours avec le sourire - mon tas de papiers depuis l'achat de Carlos chez le notaire (ça, c'est pour le froncement de sourcils) et maintenant débrouille toi !  

 

Mademoiselle, vous n'avez pas le Padrone. Le quoi ? Le padrone qui atteste que monsieur est bien le propriétaire du véhicule... Je sais pas ce que c'est ton Padrone mais j'ai tous les documents certifiés du Notaire, les factures, le contrat de vente et même l'autorisation de l'ancien propriétaire pour sortir du pays AU CAS Où ON SERAIT JUSTEMENT DANS CETTE SITUATION .... alors, qu'est-ce qui cloche ?!? Il est buté ce douanier ou quoi??

 

Rien à faire, après une heure de négociation et de blablabla, retour à la case départ. Oui mais sauf QUE officiellement nous, on est DEJA sorti du Chili ! Il faut donc que nous repassions de l'autre côté pour se faire à nouveau tamponner la face et expliquer tout ce qui vient de se passer.... le tout en baraguinant l'espagnol comme une vache irlandaise (elle est de moi celle-là).

 

AAAAAAAHHHH mais Ludo tu vas te mettre à apprendre les langues .... JAMAIS ????? 

 

Moment de solitude.

 

Deux heures plus tard et après avoir notamment été obligée de reconnaître que parmi les douaniers, la seule personne à être mal lunée est une FEMME (et c'est pas moi...) nous rentrons à nouveau au Chili.... dégoutés. 

 

Non, ce soir, on ne dormira pas au Pérou. 

 

Le lundi matin, nous nous sommes rendus au Registro Civil pour obtenir ce fameux Padrone : ah mais non Senorita, il faut revenir dans une semaine... Délai de trois semaines à compter du jour d'achat. La sentence est tombée. Non seulement l'autorisation de sortir du pays de l'ancien propriétaire ne sert à RIEN. Sympa... mais il n'y a rien à faire à Arica...

 

C'est ainsi que nous nous sommes finalement retrouvés au village de Putre dont je vous parlais au tout début. Ce qui aura été un mal pour un bien puisque c'était juste GRANDIOSE...

 

Le vendredi matin nous redescendons au niveau de la mer avant que ma tête n'explose comme une pastèque sous pression (mmmh....) en croisant les doigts pour que... par hasard... l'administration chilienne se soit mis un "ptit coup d'pied au cul" avant le week-end... puisque théoriquement, on ne devrait pas avoir ce papier avant lundi et donc repasser un week-end mortel à Arica. Ouiiiiii !!

 

Et là, notre petite madame qui se souvenait très bien de ces deux ptits français pas coiffés et tout et tout.... se met à croiser les doigts aussi fort que nous jusqu'à ce que son visage s'illumine pour illuminer ensuite les nôtres : BINGO !! Vous pouvez aller au Pérou, nous dit-elle ! Et toute la salle se retourna vers nous, interloquée par nos exclamations de joies ! 

 

Une fois arrivés à la douane, les premières interrogations du douanier, l'air perplexe regardant ma page entièrement tamponée du Chili avec des tampons.... tous à la même date - et à nouveau ce petit froncement de sourcils.... - mais Senorita comme ça se fait? Vous avez foutu quoi la semaine dernière ?? Bah en fait, il nous manquait un papier alors on a du.... blabla.... ok.... à nouveau un second douanier pour Carlito et cette fois on est limite fier de montrer notre padrone. 

 

Premier problème : le douanier est une femme. 

Second problème : Vous êtes résidents chiliens ? Non... on est français... Et vous avez un véhicule immatriculé au Chili... Oui, voilà l'acte de vente.... et vous voulez aller au Pérou....oui... c'est pas possible. Désolée. Au revoir. 

 

Non mais alors là, les gonzesses.... j'en peux plus. 

 

Et mon Padrone rigolote, tu en fais quoi ????

 

A nouveau : moment de solitude.

 

Jusqu'à ce que Madame ait eu l'intelligence d'appeler son supérieur.... bon alors on récapitule, vous êtes français, vous avez acheté un véhicule au Chili et vous allez au Pérou : pour quoi faire ? Pour voyager m'sieur.... vous savez que vous ne pouvez pas revendre le véhicule à l'étranger ? Bah oui mais on en a pas l'intention.... et blablabla.... et le tour du monde, et la Bolivie et blabla..... deux heures plus tard on pouvait ENFIN sortir du Chili ! 

 

Arrivés au poste frontière du Pérou, et rebelotte : français, véhicule chilien, pérou, bolivie etc etc ..... ouhlalala mais c'est rudement compliqué à comprendre !!! 

Au final, quasiment l'après midi pour passer la frontière et une boite d'oeufs en moins.

 

D'où l'expression.... C'est pas l'Pérou !